Faut-il payer des heures supplémentaires à ses cadres ?

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Le retour d’expérience de Gilles Satgé – PDG de Lucca

 

Lors des démonstrations de Timmi Activités, notre outil de saisie des temps, nous posons systématiquement la question suivante :
– « Vos consultants peuvent-ils imputer sur vos clients un temps supérieur à leur horaire de travail théorique ? »
– (Hésitant) « Vous voulez dire, est-ce qu’ils peuvent déclarer des heures supplémentaires ? »
– « Oui, en effet, il s’agirait bien dans ce cas d’heures supplémentaires. »

Cette question provoque très souvent un sentiment de gêne chez nos interlocuteurs, et leur réponse est quasiment toujours négative.

Chez Lucca, au contraire, nous avons décidé, depuis novembre 2017, de laisser notre douzaine de consultants déclarer des heures supplémentaires à leur libre convenance (c’est à dire sans l’accord préalable de leur manager.)

Après un an d’expérimentation, l’heure est au bilan :

800 heures supplémentaires ont été déclarées, soit une moyenne de 12 jours par consultant (après majoration de 25 % ou 50 %.)

Ces heures supplémentaires concernent pour l’essentiel des prestations facturables. Qui plus est, cette suractivité s’est faite sans dépassement des budgets alloués aux projets, donc sans détériorer leur rentabilité. Après un rapide calcul, ces 800 heures supplémentaires représentent :

  • Un surplus de chiffre d’affaires de 120 000 euros (notre taux journalier moyen standard est de 1 050 euros).
  • Un surcoût de l’ordre de 30 000 euros.
  • Soit un bénéfice net de 90 000 euros.

Avec une pointe de cynisme, certains remarqueront que les consultants auraient peut-être réalisé ces heures supplémentaires même si elles n’étaient pas compensées. C’est possible pour une partie d’entre elles, mais certainement pas pour la totalité.

D’autant que les bénéfices ne sont pas uniquement financiers. Les heures supplémentaires en « self-service » ont :

  • Développé une relation plus saine entre l’entreprise et les consultants : les bons comptes font les bons amis.
  • Donné aux managers davantage de visibilité sur la charge de travail des consultants, au profit d’un meilleur pilotage de l’évolution des effectifs et de l’affectation des nouveaux projets.
  • Réduit les risques juridiques relatifs au temps de travail auxquels l’entreprise est exposée.

Alors, depuis que Lucca paie les heures supplémentaires de ses consultants, tout irait-il pour le mieux dans le meilleur des mondes ?

Non, et des axes d’amélioration ont été identifiés.

Tout d’abord, ce dispositif va être élargi à tous les salariés. La différence de traitement a en effet suscité des interrogations légitimes : le support client, les activités commerciales, les « side-projects » sont-ils moins importants que les projets directement facturés au client ? La réponse à cette question est évidemment non. En conséquence, tous les salariés de Lucca peuvent dorénavant déclarer des heures supplémentaires, quelle que soit leur activité, à condition d’obtenir l’accord préalable de leur manager.

Je ne manquerai pas de vous faire part, d’ici quelques mois, des conséquences de cet élargissement de l’accès aux heures supplémentaires.

Diplômé de l’ESCP et expert-comptable mémorialiste, Gilles Satgé passe les 10 premières années de sa carrière chez Arthur Andersen. De 1997 à 2001, il assume des responsabilités de direction chez Lexiquest, Sterling Software puis Webnet. Avec Frédéric Pot, il fonde Lucca en mars 2002. Il s’occupe plus particulièrement de la conception des logiciels.

2 commentaires

    • Bonjour Julie,
      Le dispositif est utilisé raisonnablement pendant les périodes de charge élevées et principalement par le Consulting et les équipes commerciales. Le bilan est positif !

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