Le coût de l’absentéisme au travail

Engagement

L’absentéisme au travail, c’est comme un gros rhume. Au début, nous ne nous en préoccupons pas. Puis le rhume devient une pneumonie. 

Il aurait donc été facile – et peu coûteux – de consulter un médecin dès le début. Mais nous avons attendu que la petite maladie saisonnière se transforme en un véritable problème de santé. Et lorsque la situation empire, nous en payons le prix.

Et quant au coût de l’absentéisme au travail ? Il s’élève à 108 milliards d’euros par an. Soit une perte de 4,72% des heures de travail.

Alors, quand un rhume commence à vous coûter autant, il n’est plus question de le masquer avec quelques Dolipranes : il faut en comprendre les symptômes pour soigner le mal à la racine.

C’est ce que nous vous proposons de faire avec l’absentéisme en entreprise : le comprendre afin de mieux l’éviter.

Temps de lecture : 16 minutes

Table des matières

Les symptômes de l’absentéisme au travail : quel est le coût des absences au travail ?

Deux types de symptômes annoncent une vilaine crise d’absentéisme :

  • Les arrêts maladies, qui ont se traduisent par des coûts directs pour votre entreprise : ce sont ainsi les symptômes les plus visibles.

  • Ainsi que des symptômes moins évidents à détecter… alors qu’ils ne sont pas sans gravité. Les absences se traduisent par des coûts indirects comme la perte de productivité ou l’intensification des besoins de recrutement.

Les arrêts maladies : les coûts directs de l’absentéisme au travail.

Le lien de cause à effet entre l’absentéisme et le nombre d’arrêts maladies est évident.

C’est pourquoi le coût de l’absentéisme est souvent annoncé à 60 milliards d’euros en France : il s’agit du coût des congés maladies.

Ces absences sont monnaie courante, puisque 4 salariés sur 10 prennent au moins un congé maladie par an. Toutefois, nous observons deux types d’absences bien différents :

  • Les arrêts courts : ce sont les absences de 1 à 3 jours, qui représentent 40% des arrêts maladies… mais seulement 4% des coûts directs ! Rhumes, angines… Ce sont les aléas de la vie.

  • Les arrêts longs : ce sont les conséquences des accidents ou des maladies plus lourdes, comme les grandes fatigues, le burn out ou la dépression. En comparaison, les arrêts de plus de 30 jours ne représentent que 13% des arrêts… mais 71% des jours de congés.

Il est essentiel de distinguer ces deux types d’absences, car elles nous apportent deux enseignements distincts quant à la santé de l’entreprise (et, bien sûr, de ses employés) : 

Les arrêts courts trouvent rarement leur cause dans le contexte professionnel : vous ne pouvez rien y faire.

Les arrêts longs sont davantage symptomatiques des maux de l’entreprise : 22% des arrêts longs sont la conséquence directe de l’environnement de travail.

Il est temps de faire la visite médicale annuelle : comment se portent les salariés français dernièrement ? Apparemment, ce n’est pas la grande forme.

Nous observons une hausse des coûts des congés maladies depuis une dizaine d’années :

  • le nombre de jours indemnisés augmente de +3,6% par an.
  • le montant moyen des indemnités augmente de +4,3% par an. Cela témoigne d’une absence croissante chez les seniors, car le montant de l’indemnité est indexé sur le salaire.
  • les arrêts longs ne cessent de s’allonger, avec une durée d’arrêt de +10% depuis 2012.

L’absentéisme est donc un véritable enjeu financier, aussi bien pour les entreprises que pour la Sécurité Sociale.

Les symptômes méconnus : les coûts indirects de l’absentéisme au travail

Un instant, les congés maladies coûtent 60 milliards d’euros par an… Mais le coût total de l’absentéisme est de 108 milliards d’euros ?

Les calculs ne sont pas bons… N’est-ce pas ?

En réalité, la majeure partie des coûts de l’absentéisme sont des coûts indirects.

Il s’agit de coûts plus difficiles à attribuer aux absences. Ce sont notamment :

  • le manque à gagner lié à la baisse de productivité et à la désorganisation ponctuelle.
  • les coûts de recrutement et de remplacement. Le temps passé à diriger des entretiens, les chasseurs de tête, les annonces sur les jobboards… Tout cela à un prix. 
  • le coût de l’impact négatif sur la marque employeur. Il se traduit notamment par la difficulté à attirer les talents et à fidéliser les salariés.
  • le coût de l’impact négatif sur la marque commerciale. De nos jours, le consommateur accorde de plus en plus de poids à la marque employeur dans ses décisions d’achats. Ainsi, des absences aujourd’hui peuvent expliquer une baisse du chiffre d’affaires demain.

Bien sûr, à l’échelle de votre entreprise, ce n’est pas si simple de mesurer les coûts indirects de l’absentéisme.

Voici donc quelques pistes pour vous aider à prendre la température de votre société :

  1. interrogez vos employés pour mieux comprendre les raisons de leurs absences. S’il est difficile d’obtenir des réponses de façon directe, munissez-vous d’un outil de sondage permettant aux salariés de répondre de façon décontractée et anonyme.
  2. créez un tableau de bord pour suivre l’évolution des potentiels coûts de l’absentéisme. Aux côtés du taux d’absentéisme, ajoutez d’autres indicateurs, comme l’évolution des coûts de recrutement, par exemple. 

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Comprendre les causes de l’absentéisme au travail pour soigner le mal à la racine

Nous avons donc dressé la liste des symptômes de l’absentéisme.

Désormais, nous pouvons envisager d’en soigner l’entreprise, et ainsi :

  • réduire la facture : puisque l’absentéisme a un coût, réduire l’absentéisme revient à faire des économies.
  • profiter des avantages d’une entreprise et de salariés en bonne santé : la diminution de l’absentéisme va souvent de pair avec l’amélioration de la satisfaction, le renforcement de la marque employeur et un gain de productivité.

Quelles sont donc les trois causes de l’absentéisme et quelles solutions y apporter ?

L’absentéisme incompressible, ou le mal incurable

Le diagnostic

Il existe des absences sur lesquelles votre entreprise n’a aucun pouvoir. De nombreuses absences, même : environ 70% des arrêts maladies de courte durée sont provoqués par des facteurs extérieurs aux conditions de travail.

Ce sont généralement les maladies courantes et bénignes, comme le rhume ou l’angine. 

Toutefois, il existe également une part incompressible d’arrêts longs, notamment ceux liés à l’allongement de la vie professionnelle.

L'ordonnance

Votre rôle face aux maladies courantes et saisonnières est limité. 

Mais rassurez-vous : ces maladies sont souvent sans gravité et les absences provoquées ont un coût relativement faible. Souvenez-vous, elles ne représentent que 4% des jours d’arrêt.

Si, toutefois, vous souhaitiez contribuer à en limiter les risques, envisagez d’intégrer des campagnes de prévention au sein de votre communication interne.

Effets indésirables et exceptions

Dans le cas de certains troubles, nous ne pouvons pas exclure une part de responsabilité de l’entreprise.

C’est notamment le cas des troubles suivants :

  • Les troubles musculosquelettiques, à l’origine de 14% des arrêts maladies de courte durée.
  • Les troubles psychologiques bénins et les grandes fatigues, représentant 10% des arrêts courts. 

L’optimisation de l’espace de travail et son ergonomie sont donc de bonnes pistes pour limiter les troubles musculosquelettiques. Cependant, une démarche d’amélioration de la qualité de vie au travail (QVT) ne pourra que contribuer à limiter la fatigue et les troubles psychologiques.

Les autres facteurs externes de l’absentéisme au travail

Le diagnostic

Certes, il y a les courants d’air frais de l’automne et les virus qui attendent sagement que votre main se pose sur cette barre de métro.

Mais la maladie n’est pas le seul facteur d’absence indépendant des conditions de travail.

Il existe d’autres causes externes, qui relèvent principalement de l’identité de l’employé et de la nature du travail effectué.

En voici les trois principales : 

  1. L’âge et la génération

    Les salariés en fin de carrière n’ont pas la santé des jeunes diplômés – ainsi va la vie.

    Les seniors représentent à eux-seuls 30% des congés maladies de plus de 30 jours, alors que les moins de 30 ans, au contraire, ne consomment que 17% des arrêts annuels.

    À l’inverse, les collaborateurs de 19 à 29 ans (ou “Millennials”) sont 43% à exprimer un besoin de s’arrêter… sans être malade.

  2. Le sexe 

    Les femmes prennent davantage de congés maladies que les homme (37% des femmes en réalisent un par an, contre 31% des hommes).

    Cela s’explique en partie par la plus grande exposition des femmes aux enjeux de conciliation entre vie privée et vie professionnelle – en d’autres termes, elles restent plus susceptibles d’attraper la vilaine gastro du petit dernier que leur conjoint.

    De même, certains outils ou aménagements de l’espace de travail ont été conçus pour un usage masculin et n’ont pas encore été adaptés aux femmes, ce qui explique une plus grande fréquence des troubles musculosquelettiques chez les employées.

  3.  Le type d’organisation, le secteur et l’industrie

    La nature même de l’entreprise et du travail à effectuer a un impact sur le niveau d’absentéisme au travail. Ainsi, les entreprises de grande taille ont un taux d’absentéisme plus élevé que les sociétés plus modestes : 38% des employés des entreprises de plus de 1 000 salariés prennent au moins un congé par an… contre 26% des employés dans les entreprises de moins de dix salariés.

    Notons aussi que les salariés des grandes entreprises expriment davantage le besoin de s’arrêter sans être malades.

    Le secteur de l’entreprise a un rôle à jouer également, avec davantage d’arrêts maladies constatés dans la Santé, le BTP et l’Industrie.

L'ordonnance

Si votre entreprise n’a pas d’impact direct sur ces différents facteurs d’absence (à moins de parvenir à offrir un élixir de jouvence à vos seniors), elle est cependant en mesure d’y adapter ses conditions de travail en conséquence.

Concrètement, cela signifie :

  • accorder une attention particulière aux jeunes employés, en insistant particulièrement sur la culture d’entreprise et le sens du travail. Les Millennials épanouis sont 41% moins absents que les autres.
  • adapter les conditions et les horaires de travail à la condition physique des employés plus âgés ou plus fragiles.
  • aménager l’espace de travail de façon plus personnalisée, pour qu’il corresponde au profil de chacun : santé, morphologie… Un salarié sur deux est convaincu que l’espace de travail a un impact important sur sa santé et sur son bien-être.

Enfin, quant aux entreprises de grande taille, il faut peut-être creuser du côté de la qualité de vie au travail… Ce que nous vous proposons de faire dès maintenant.

Les maux cachés derrière les absences de longue durée : le mal-être responsable de plus de ⅔ des absences

Nous venons d’évoquer un autre type d’absentéisme au travail : l’arrêt hors maladie. Ce ne sont pas des congés pris par caprice. Ce ne sont pas des cas isolés.

Loin de là : 3 employés sur 10 ressentent le besoin de s’arrêter alors qu’ils ne sont pas malades.

Le diagnostic

Ce type d’absentéisme est révélateur de maux plus profonds, comme le mal-être au travail.

Ce mal-être s’exprime, entre autres, par :

  • un manque de sens, exprimé par 42% des salariés ;
  • du stress, ressenti par un employé sur deux au travail ;
  • l’insatisfaction – parmi les salariés se disant “insatisfaits”, un sur deux ressent le besoin de s’arrêter sans être malade.

Les composantes du mal-être en entreprise sont nombreuses, chacune ayant sa part de responsabilité dans l’absentéisme.

Burn out, troubles psychologiques ou encore arrêts de longue durée : il est essentiel de mettre en place une démarche d’amélioration de la qualité de vie au travail pour soigner l’absentéisme à la racine.

Les effets indésirables du présentéisme

Attention, nous observons un facteur aggravant qui contribue à la hausse des arrêts de longue durée : l’inobservance des arrêts maladies.

De plus en plus d’arrêts maladies sont prescrits… mais non effectués. En 2018, ce sont 23% des congés qui n’ont pas été suivis ou qui n’ont été que partiellement observés. Par ailleurs, près de 70% des salariés déclarent aller au travail même lorsqu’ils sont malades.

Cette volonté d’être présent, coûte que coûte, initie un cercle vicieux : des situations sans gravité, qui auraient mérité un arrêt de quelques jours, ne sont pas soignées… et finissent par se transformer en maux plus profonds.

Par conséquent, à ne pas observer les arrêts maladies de courte durée, ce sont les arrêts longs qui se multiplient.

L'ordonnance

Face à ces maux profonds de l’absentéisme, un seul médicament : le bien-être au travail. Oui, mais par où commencer ?

Nous vous recommandons donc de poursuivre la démarche initiée dans ce guide : observer avec attention l’absentéisme au sein de votre organisation, afin d’en comprendre les causes.

Vous identifiez ainsi les sources de mal-être spécifiques à votre entreprise, à un département, voire à une équipe en particulier.

Voici quelques exemples d’éléments à investiguer : 

  • la qualité de la communication interne ;
  • la qualité des relations avec le management ou au sein de l’équipe ;
  • le sens perçu du travail ;
  • les responsabilités des employés ;
  • l’environnement de travail ;
  • l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée.

Vous pouvez alors concevoir et mettre en place les solutions adéquates. Prenons deux exemples :

  • face au désengagement des employés, plusieurs leviers d’actions s’offrent à vous, selon la nature du mal-être observé : peut-être devriez-vous animer des ateliers sur le sens du travail ; ou bien engager des initiatives pour renforcer la cohésion d’équipe et le sentiment d’appartenance au projet commun.
  • face au stress, songez à réaménager le travail pour offrir davantage de repos et une vie privée plus épanouie ; ou à travailler sur la culture managériale pour contribuer à développer un environnement moins anxiogène.

Conclusion

L’étude approfondie des coûts de l’absentéisme nous offre ainsi une meilleure compréhension des maux dont souffrent les employés. 

Les maladies saisonnières et les fatigues passagères ne représentent que la partie émergée de l’iceberg. Sous la surface, nous observons une forte corrélation entre l’absentéisme – notamment de longue durée – et le mal-être au travail. 

C’est donc à l’entreprise, au management et aux RH d’enfiler leur tenue d’infirmier. Notre préconisation pour faire chuter l’absentéisme en entreprise : injecter une bonne dose de bien-être au travail (traitement à vie).

Comment réduire l'absentéisme en améliorant l'engagement de vos collaborateurs ?

Découvrez dans ce guide les 8 piliers pour favoriser l’engagement.

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